A la découverte des trésors architecturaux de Vendée
Ce n'est qu'au IVe siècle que la christianisation pénètre le Bas-Poitou. Dès lors de nombreux évangélisateurs œuvrent en Bas-Poitou prêchant et christianisant les lieux d'ancien culte celtique (bois sacrés et fontaines). Lieux-dits, croisements et anciens lieux de culte païen deviennent les sanctuaires de la nouvelle religion.
La Vendée est un département très riche en monuments religieux. On y retrouve des exemples d’art roman et d’art gothique.
Malgré trois grandes périodes dévastatrices pour le patrimoine : guerres de religion, révolution et deux conflits mondiaux, elle conserve aujourd’hui de nombreuses et belles églises romanes et gothiques : Oulmes, Luçon, Fontenay et des abbayes aux vestiges remarquables : La Grainetière, Nieul-sur-l’Autise et son cloître encore complet, Maillezais, St Michel-en-l’Herm.
Chacun de ces édifices se distingue soit par de belles sculptures comme Vouvant, Foussais ou Maillé, soit par des cryptes remarquables comme Fontenay-le-Comte, Curzon ou Tiffauges ou encore par des fresques habilement protégées et restaurées comme celles de Pouzauges ou de Mesnard la Barotière.
Roman ou Gothique, c’est l’art religieux du Moyen Age par excellence.
L’art Roman du Xe au XIIe siècle
L’Eglise romane, sur le plan architectural se présente comme une croix, la partie la plus longue où se tiennent les fidèles étant la nef orientée à l’ouest à l’opposé du chœur orienté à l’est. Les bras de croix ou transepts sont orientés nord/sud.
Les premières églises romanes sont de taille modeste, basses et n’ont que de petites ouvertures. Les voûtes étaient réalisées en bois puis seront remplacées par des voûtes de pierres dites en berceau. Les voûtes deviennent alors lourdes et poussent sur les murs qu’il faut soutenir par des contreforts extérieurs. Certaines nefs se verront doubler de part et d’autre de nefs latérales et le chœur d’un déambulatoire.
La décoration intérieure est simple, faite de peintures couvrant les murs et piliers. A base de produits et pigments naturels, elles seront fragiles et résisteront mal à l’usure du temps.
Les sculptures quant à elles, ornent les portails avec des scènes d’inspiration religieuse mais aussi des scènes profanes avec des monstres grimaçants et des êtres fantastiques comme les oiseaux enserrant un petit homme sur la façade romane de l’église Saint-Nicolas de Maillezais.
Tous ces édifices sont dus aux moines bénédictins d’abord auxquels on doit l’abbaye de Maillezais dont la nef mesurait 90 m, puis aux cisterciens plus stricts et sobres comme l’abbaye de Moreilles, aujourd’hui disparue ou celle de l’Ile Chauvet.
Il nous faut aussi mentionner les Templiers qui laisseront en Vendée quelques traces comme la Commanderie de Puyravault.
L’art Gothique du XIIe au XVe siècle
Les églises, cathédrales s’allongent et prennent de la hauteur. Les clochers sont remplacés par de hautes flèches pointues et richement travaillées. La voûte est sur croisée d’ogives c’est-à-dire deux arcs qui se croisent en diagonales, le tout soutenu par des arcs-boutants reposant à l’extérieur sur des contreforts.
Les ouvertures ou verrières sont nombreuses et laissent filtrer la lumière par des vitraux colorés représentant des scènes de la vie du Christ ou les travaux de la vie quotidienne ou encore la vie d’un saint. De belles et grandes rosaces colorées ornent les façades.
Les sculptures en intérieur sont souvent des statues travaillées dans des drapés. Une constante en sculpture est la présence très fréquente d’une représentation de la mise au tombeau du Christ.
En extérieur, on reste impressionnés par la monstruosité des gargouilles mais aussi par la douceur d’un ange souvent présent au centre du portail d’entrée principale.
Art Roman et Art Gothique sont intimement liés dans certaines églises de Vendée
Les affres du temps et des conflits ayant détruit partiellement des édifices romans, l’art gothique viendra reconstruire les parties manquantes comme à Bazoges-en-Pareds ou Eglise Sainte Eulalie à Benet avec les scènes de la Bible et du Nouveau Testament sur le portail.
Nous allons en détailler un parfait exemple, celui de l’Eglise de Foussais-Payré.
A Foussais, c’est sous l’impulsion de Gaubert, abbé de Bourgueil, et architecte de renom qu’un édifice roman est construit au XIe, les sculptures du parvis étant réalisées au XIIe siècle. Il ne restera intact que cent ans, victime de pillages et destructions attribués aux troupes de Geoffroy la Grand Dent, entre 1225 et 1232.
La reconstruction commence au XIIIe siècle et se poursuit par rénovations successives jusqu’au XVe siècle, où apparaît un nouvel ensemble de piliers et voûtes de style gothique.
Ce dernier édifice est incendié au cours des guerres de religion en 1568, les voûtes de l’édifice s’effondrent et ne sont remplacées que par un toit simple et un plafond en bois.
De l’église romane, il ne reste aujourd’hui que la partie inférieure de la façade ouest, ensemble typique du style roman poitevin : baie principale entourée de deux baies aveugles. Les sculptures du XIIe siècle sont l’œuvre du sculpteur Giraud Audebert et de ses élèves.
L’entrée principale est ornée d’une archivolte composée de deux voussures romanes sur colonnettes et chapiteaux. La seconde est composée de 31 claveaux sculptés représentant une vision de l’apocalypse de St Jean. Au centre le Christ, à sa gauche St Michel et de part et d’autre, les évangélistes, puis les apôtres. Plus bas, des musiciens, jongleurs, funambules, animaux…
Au-dessus du portail et sous une corniche, modillons et métopes se succèdent. On reconnaît : l’agneau pascal, un homme buvant, un homme tenant un marteau, un joueur de flûte, un personnage retirant une épine de son pied. Parmi les métopes, un éléphant tête en bas.
L’arcade nord, chef d’œuvre signé de son auteur est une scène de déposition de croix. A gauche, Marie, ensuite Joseph d’Arimathie et Nicodème, à droite, saint Jean que l’on peut reconnaître à son auréole. L’arcade sud expose deux scènes : le repas chez Simon, une femme allongée au pied du Christ, Marie Madeleine sans doute, semble susciter des réprobations et explications ; au-dessus, une scène du » noli me tangere « , le christ ressuscité apparaît à Marie Madeleine au jardin du sépulcre.
Au-dessus du portail roman se dresse un grand mur gothique appuyé sur un clocher carré et deux arcs-boutants soutenus par deux contreforts.
L’intérieur de l’église retrace son histoire, faite des interventions, dégradations, rénovations survenues depuis le XIe siècle.
La partie nord-est du chœur a des traces romanes : colonnettes et restes de frises en damier. La partie sud de la nef a été édifiée au XIIIe siècle. Les piliers et voûtes gothiques, les grandes baies et le clocher sont du XVe.