Le jardin médiéval ou jardin clos trouve son origine dans les monastères avec les moines défricheurs comme Saint Fiacre, moine irlandais devenu patron des jardiniers, réputé pour faire des miracles avec ses plantes surtout pour ce qu’on appela le  » mal de St Fiacre  » plus communément appelé hémorroïdes !
Conçu de façon rigoureuse, avec des parterres carrés bordés de fascines de châtaignier ou plessis, chaque espace est chargé de symboles.

A chaque carré sa particularité :

• Le potager qui comme son nom l’indique contient des plantes  » alimentaires  » et des condiments
• Les utilitaires ou tinctoriales et magiques
• Les simples ou médicinales : les premiers jardins ne comptaient pas moins de 15 à 20 plantes pour soigner les maux de l’époque.
• Le jardin de Marie, dont les fleurs servaient à orner chapelles et oratoires.

Avec le Moyen Age, le Jardin Clos trouve aussi sa place dans les forteresses et se développe.
Les 4 carrés sont toujours présents, souvent eux-mêmes subdivisés en 4 autres carrés. On y retrouve  :

1. les simples ou médicinales
2. les ornementales
3. les aromatiques ou potagères
4. les utilitaires et magiques

Quelles plantes trouve-t-on dans ces carrés ?

1. Les Simples ou Médicinales sont réparties ainsi :

• Bétoine (fièvre, purge, tonique),
• Joubarbe (diarrhée, inflammations, migraines)
• Dompte-venin contre les morsures d’animaux venimeux

– les purgatives :

• Euphorbe,
• Coloquinte,
• Ricin,

– les expectorantes :

• Guimauve apaise la toux et les maux de gorge,
• Réglisse pour les bronches,
• Marrube pour le rhume et la toux,

– les cicatrisantes :

• Consoude, dont le nom est évocateur
• Plantain dont les feuilles froissées sont appliquées sur les lésions,
• Fraisier dont les feuilles en décoction sont utilisées pour les plaies et gerçures,
• Bistorte, cicatrisante et hémostatique

– les plantes soulageant les fièvres :

• Germandrée,
• Santoline,
• Reine des près,

• Pulmonaire dont la feuille ressemble à un poumon donc elle soignera les maladies respiratoires,
• Noix ressemble à un cerveau ?
• Centaurée bleue symbole d’une grande limpidité s’utilisera pour soigner les maladies des yeux,
• Millepertuis dont la feuille en transparence fait apparaitre des petites taches plus claires comme des trous s’utilisait pour refermer les plaies.

– Les plantes pour les maux de ventre

• Menthe sauvage
• Tanaisie en vermifuge
• Chardon Marie pour le foie et la bile
• Absinthe pour vermifuge

– Les plantes réservées aux femmes

• Rue ou Herbe de grâce : favorise les contractions utérines pour les accouchements
• Armoise : atténue les troubles menstruels
• Mélisse soulageait les nausées de la grossesse
• Tamier ou herbe aux femmes battues : la racine cuite en cataplasme soigne les ecchymoses

Autres plantes : le houblon aux vertus sédatives, l’angélique bien connue dans le Marais Poitevin réputée pour soigner la peste.

2. Les ornementales ou Jardin de Marie :

• 

  Lis blanc
• Rose de Damas
• Iris de Florence
• Pivoine
• Giroflée
• Glaïeul
• Œillet
• Violette
• Croix de Jérusalem
• Rose trémière
• Acanthe
• Buis

3. Les potagères et aromatiques divisées en :

– plantes que l’on cuit

• Chicorée
• Bettes et Cardons
• Epinards
• Choux
• Moutarde
• Laitue

– les plantes à racine

• Carottes
• Panais
• Oignons
• Poireaux

– légumes ou graines

• Pois
• Fèves
• Haricots ou mogettes
• Lentilles

Pour les potagères nous y retrouvons ce que l’on appelle aujourd’hui des légumes oubliés et remis au goût du jour par de grands cuisiniers
– les aromates

• Ciboulette
• Thym
• Anis
• Romarin
• Livèche
• Marjolaine
• Sarriette
• Hysope
• Sauge
• Basilic
• Cumin
• Fenouil

– les cucurbitacées

• Melon
• Concombre

– les céréales

• Epeautre
• Millet
• Seigle
• Sarrazin

4. Les utilitaires ou tinctoriales et les magiques :

• garance (couleur rouge)
• pastel (bleu)
• genêt des teinturiers (jaune)
• carthame
• lin
• chanvre
• saponaire (pour laver les textiles)
• cardère ou cabaret des oiseaux (pour carder la laine)

– les magiques toxiques

• Ciguë très toxique, poison  » officiel  » des grecs (Socrate en est mort)
• Pavot
• Aconit tue-loup au nom très évocateur, poison mortel

– les magiques maléfiques

• Jusquiame qui engendrait la folie et dont les grecs se servaient à Delphes pour que la Pythie puisse rendre les oracles ! La légende dit aussi que les sorcières en imprégnaient leurs balais et obtenaient ainsi une lévitation pour se rendre à leurs assemblées nocturnes !
• Datura, hallucinogène
• Mandragore ou plante du diable en raison de la forme de sa racine très tortueuse, narcotique et stupéfiante. La légende dit qu’Hannibal pour vaincre les africains avait « abandonné son camp en y laissant des amphores de vin dans lequel il avait fait macérer des racines de mandragore. Les africains se sont enivrés et intoxiqués ; Hannibal revient alors et n’eut aucun mal à vaincre les africains » !
  Au Moyen Age, on disait que lorsqu’on arrache une mandragore dont les racines sont fort profondes, elle pousse un cri d’agonie qui rend fou celui qui l’entend.
• La Belladone tire son nom de  » bella dona  » ou  » belle dame « , car les femmes de la bonne société pour rendre leurs pupilles plus grandes, se versaient dans l’œil une goutte de décoction de belladone.

Qui dit poison dit aussi contre poison, magie blanche ou magie noire : amarante supposée donner l’immortalité, et la doronic contre poison multi-usages !

Le Jardin Médiéval dont les reconstitutions actuelles nous émerveillent offrait donc le pire comme le meilleur, à l’image de la nature elle-même.