Une proéminence rocheuse entourée des ruisseaux de la Mère et du Vent
Sûrement un haut lieu du druidisme gaulois, la forêt était, parait-il, évitée par les romains. Plus tard, Geoffroy de Lusignan (seigneur de Jaffa et de Césarée) revenant des croisades y fit construire son château. En véritable tortionnaire, il fut excommunié. La légende lui préfère Mélusine, notre fée bâtisseuse, qui surprise en plein travail maudit ses habitants : « Mervent, Vouvant, Lusignan, vous irez toujours dépérissant »
Entre la Mère et le Vent…
Mervent est juché sur un éperon rocheux au cœur d’un massif forestier d’environ 5 000 hectares.
Mervent doit toujours sa renommée à sa forêt de chênes et châtaigniers. Autrefois les forestiers les débitaient en lattes pour les douves de tonneaux. Les écorces étaient levées pour les tanneries des environs. Et aujourd’hui ces arbres sont, toujours, exploitées par les scieries et industries du bois : quelques beaux troncs de chênes de Mervent sont entrés dans la fabrication de l’Hermione, reproduction du bateau de Lafayette, exécutée à Rochefort.
La renommée de Mervent vient aussi de son superbe lac de 130 hectares pour les loisirs nautiques, formé par le barrage qui approvisionne en eau des communes de Vendée, Deux-Sèvres et Charente-Maritime.
Retenue du barrage de Mervent
Photo : Mélusine Accueil – F. Charraud
Un roche passé historique
Mervent peut se flatter d’un passé glorieux.
Mervent fut un des sites gaulois les plus importants de Vendée.
De nombreux lieux-dits du massif en témoignent : Le Chêne Tord, le Chêne de la Gasse, le Chêne de la Balingue, or les gaulois avaient le culte du chêne ;
Pierre Brune, Pierre Blanche, Pierre Folle et les gaulois avaient le culte des pierres.
L’âme druidique est ici et là évoquée : le Bois de la Dolabre (instrument utilisé pour les rites druidiques).
La période gallo-romaine à Mervent connaît une industrie florissante jusqu’au XIVe siècle : l’industrie du verre qu’évoque sans doute le nom du ruisseau : le ruisseau des Verreries enjambé par un pont haut de plus de 13 m et très étroit, le Pont du Déluge, ouvrage remarquable aux piles ciselées.
Un pan de fortification restauré du château féodal permet d’imaginer la belle forteresse idéalement implantée pour une défense efficace et dominant un admirable panorama. Si les pierres pouvaient parler, évoqueraient-elles les conversations tenues en ces lieux par Aliénor d’Aquitaine, Jean Sans-Terre ou Saint-Louis qui délivra Mervent de Geoffroy de Lusignan dit Geoffroy la Grand ‘Dent ?
Autre vestige d’une grande beauté le Pont des Ouillères du XIIIe siècle, formé de cinq arches inégales qui franchissait la Mère, mais hélas aujourd’hui englouti sous les eaux du barrage mais s’offrant régulièrement à nos yeux lorsque le barrage est vidé pour contrôle.
Il faut imaginer dans cette vallée engloutie plus de 19 moulins à eau…
La Citardière
Photo : wikimedia.org- Gaëlle Fily
Eau et forêt, c’est le mystère de Mélusine et des êtres imaginaires, le mystère des rochers aux formes fantastiques, des « Cinq Jumeaux », arbre à cinq troncs possédant à sa base une vasque nommée « Fontaine aux biches », le mystère des haies de coudriers, des racines noueuses et tourmentées, des lianes enlaçant les troncs… et c’est aussi le refuge de personnages bien réels comme le Père de Montfort méditant dans la grotte de « La Roche aux Faons », le Baron de Chantoizeau, grand brigand peu recommandable, occupant La Citardière, château cerné par douves et pont levis, couronné de gargouilles surprenantes, ou encore Dunois, le compagnon d’armes de Jeanne d’Arc qui aimait à longuement séjourner au Château de Mervent et qui veillait au bon entretien de l’Eglise Saint Médard où la dalle funéraire nous rappelle qu’il y fit enterrer sa fille Jeanne.
Mervent et sa forêt sont un patrimoine à préserver comme l’exprime si bien le poème suivant :
» Je suis la flamme de ton foyer dans la nuit hivernale
Et au plus fort de l’été, l’ombre fraîche de ton toit.
Je suis le lit de tes sommeils, la charpente de ta maison,
La table où poser ton pain, le mât de ton navire.
Je suis le manche de ta houe, la porte de ta cabane.
Je suis le bois de ton berceau et celui de ton cercueil,
Le matériau de tes œuvres et la parure de ton univers.
Ecoute ma prière, ne me détruis pas… »